L'île d'Anticosti pourrait renfermer 30 milliards de barils de pétrole
La firme albertaine Sproule Associates Limited établit ainsi à 30,9 milliards de barils le «meilleur estimé» du volume total de pétrole en place sur les permis où Pétrolia détient un intérêt sur l’île d’Anticosti. «Il y a 90 % de chances que ce volume atteigne au moins 19,8 milliards de barils (estimation basse) et 10 % de chances que le volume soit égal ou supérieur à 48,2 milliards de barils (estimation haute). Ces estimations sont calculées en barils de pétrole-équivalent», précise-t-on dans le communiqué émis aujourd’hui.
Le rapport est préliminaire et est basé les informations disponibles au 1er juin 2011. L’évaluation effectuée porte sur les shales de Macasty où Pétrolia détient des intérêts sur plus de 6070 km2.
Sproule Associates Limited a toutefois émis certains bémols à son évaluation. «Cette étude a été réalisée dans l’unique but de permettre à Pétrolia de déterminer l’opportunité de mener de nouveaux travaux de mise en valeur de cette ressource. Pétrolia évalue activement les options qui s’offrent à elle relativement aux travaux additionnels à mener, et ce, de manière à procurer à ses actionnaires la plus grande valeur. Le programme d’exploration sur Anticosti en est à ses premières étapes : des travaux additionnels sont requis pour déterminer le potentiel commercial de la ressource avant de pouvoir en considérer le développement.»
Quoi qu’il en soit, l’avenir semble d’ores et déjà prometteur. «Pour Pétrolia, qui possède des intérêts sur une large portion de l’île d’Anticosti, l’estimation des ressources contenues dans les shales de Macasty témoigne d’un immense potentiel. Les prochains travaux, en termes de forage et de tests, sont nécessaires pour convertir une portion de cet immense volume de pétrole initialement en place en découverte et en réserves.»
La présence de cette ressource immense — il s’agirait du plus important potentiel pétrolier au Québec — aurait échappé aux travaux réalisés par Hydro-Québec sur l’île d’Anticosti. Le Devoir a révélé en février dernier que la société d’État a investi 9,8 millions de dollars en travaux d’exploration pétrolière entre 2002 et 2007. Aucun montant n’a été investi par la suite. Plusieurs rapports commandés par la Société d’État au sujet du potentiel en hydrocarbures de la plus grosse île de la province sont aussi disponibles en ligne, documents pour lesquels il faut payer pour obtenir une copie imprimable.
Hydro-Québec, qui a fermé sa division pétrole et gaz, a par la suite cédé ses droits sur 35 permis (6300 km2) qu’elle détenait à l’entreprise Pétrolia. Cette dernière est ainsi devenue le partenaire de Corridor Resources — entreprise qui exploitera le gisement pétrolier extra-côtier de Old Harry — pour l’exploration sur Anticosti.
En contrepartie, la Société d’État doit recevoir une «redevance prioritaire» sur la production pétrolière, si production il y a. Hydro a toutefois refusé de préciser la teneur de celle-ci ou les modalités de versement, bien que les ressources naturelles appartiennent en théorie à l’ensemble des Québécois. Pétrolia a aussi réfusé de rendre cette entente publique et la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a dit ne pas pouvoir forcer Pétrolia à publier l’entente.
Le siège social de Pétrolia se trouve à Rimouski, mais son principal actionnaire est Pilatus Energy AG, une compagnie qui a pignon sur rue en Suisse et dont le président réside aux Émirats arabes unis. L’entreprise a neuf lobbyistes inscrits au registre des lobbyistes du Québec.